Négociation 2023
NOUS, D'UNE SEULE VOIX

NOUS, D'UNE SEULE VOIX

La négociation 2023 est bel et bien amorcée. À peine le temps de friser le coin de quelques pages de nos nouvelles conventions collectives, déjà nous devons reprendre la négociation. En effet, ces dernières viendront à échéance le 31 mars 2023.

Cinquante ans après la formation du premier Front commun en 1972, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) unissent leurs forces afin de négocier en alliance. Nous serons donc plus de 420 000 membres à parler d’une seule voix pour cette ronde de négociation.

Outre le clin d’œil historique, le Front commun constitue une stratégie cohérente pour répondre aux besoins urgents du personnel dans nos réseaux en renforçant nos solidarités et en s’imposant comme interlocuteur de premier plan du gouvernement. Le Front commun est par ailleurs une réponse forte aux stratégies de division de ce dernier.

Pandémie : un contexte particulier

La pandémie de COVID-19 aura marqué les deux dernières années et demie. La population a été mise à l’épreuve par le deuil, la peur, les confinements, les restrictions sanitaires et le ralentissement économique. La pandémie a démontré toute l’importance de nos réseaux publics, mais aussi leur immense fragilité.

Pour nous qui avons, tout au long de la crise, tenu les réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux, de l’enseignement supérieur et des organismes gouvernementaux à bout de bras, la pandémie a mis en évidence et a aggravé les problèmes hérités de décennies d’austérité : désuétude des installations, désorganisation des réseaux, lourdeur administrative, manque de personnel et surcharge de travail. Malgré les incertitudes, les improvisations et les décrets d’urgence, nous sommes restés debout.

Aujourd’hui, nous faisons toujours face à un état d’épuisement et de détresse importants, mais ces derniers sont plus que jamais exacerbés par les vagues successives que nous avons eu à traverser. Soyons honnêtes, ce sont notre remarquable capacité d’adaptation et notre engagement qui ont permis de maintenir les réseaux à flot malgré le manque de ressources et la pénibilité de nos conditions de travail.

La pandémie a aussi révélé la grande capacité d’action de notre gouvernement pour agir et investir lorsqu’il fait des services publics sa priorité. Promptement, il a injecté des sommes massives dans les réseaux. Toutefois, trop souvent de manière autoritaire, à coup de décrets et d’arrêtés ministériels, venant diviser les personnes salariées des réseaux pourtant toutes et tous au front. Trop souvent sans consulter ni même respecter les besoins du personnel en place ! 

Une reprise forte, mais assombrie par l’inflation

La reprise économique est forte et la situation budgétaire du Québec est extrêmement favorable. Pour 2022, on s’attend à une croissance réelle du produit intérieur brut (PIB) supérieure à 3 %, ce qui devrait permettre au gouvernement d’engranger des revenus intéressants et de maintenir sa situation budgétaire enviable.

Le chômage, qui avait explosé à un sommet record de 17 % lors du premier confinement, est revenu à un niveau assimilable au plein emploi que l’on connaissait avant la crise. 

Importante ombre au tableau : l’inflation, qui bat des records. En effet, l’ensemble de la population a vu les prix d’articles courants monter en flèche en l’espace de quelques mois. Épicerie, coût du logement, essence, etc. : du jamais vu en près de 30 ans. Ces turbulences se reflètent aussi dans les marchés financiers et compliquent les prévisions économiques.

En ces temps inflationnistes, les personnes salariées n’ont pas à être gênées d’exiger des hausses salariales ambitieuses permettant le maintien de leur pouvoir d’achat.

Un plein emploi qui accroit la concurrence

La vigueur actuelle du marché du travail inquiète les employeurs et la pénurie de main-d’œuvre, connue avant la pandémie, va en s’amplifiant. Bien qu’elle touche l’ensemble des secteurs, elle est de plus en plus aigüe dans les services publics.

Le taux de chômage étant actuellement à son niveau le plus faible jamais enregistré au Québec, les personnes salariées choisissent d’aller travailler là où les conditions salariales et les conditions de travail et de pratique sont les plus intéressants. Dans les services publics en particulier, les départs, les réorientations ou les absences pour invalidité d’une partie de la main-d’œuvre s’expliquent aussi par les conditions de travail pénibles et les conditions salariales désavantageuses, qui compliquent les efforts d’attraction et de rétention du personnel de nos réseaux. 

Normalement, cette pénurie de main-d’œuvre devrait être un levier pour la négociation, accroitre notre rapport de force et fournir des arguments forts en faveur de nos revendications. Or, il semble que nos employeurs préfèrent les solutions faciles – temps supplémentaire, sous-traitance, réduction de services et embauche de personnel non qualifié – plutôt que de régler les problèmes à long terme. Encore une fois, ce sont celles et ceux qui demeurent en poste qui font les frais des conséquences du manque de personnel.

Une bataille à mener

La ronde qui s’amorce sera constituée de défis à relever. Nos revendications, qui se placent inévitablement dans un contexte social et économique particulier, sont ambitieuses et nécessiteront que nous nous mobilisions collectivement pour gagner. 

Après des décennies d’austérité, de compressions et de modération salariale, après des années de pandémie à tenir à bout de bras les services à la population, il ne fait aucun doute que nos demandes sont justifiées et qu’un rattrapage est essentiel pour assurer la pérennité des services publics.

Le gouvernement trouvera toujours des prétextes pour repousser le nécessaire rattrapage dans nos conditions de travail et de pratique ainsi que dans notre rémunération. Pourtant, les chiffres démontrent qu’il a la capacité financière de répondre à nos demandes. Cela dit, comme l’histoire nous l’enseigne, il ne suffit pas d’avoir raison. Il nous faudra exercer un rapport de force important. 

Parce que le Front commun, c’est vous, d’abord et avant tout. Parce que nous devrons faire preuve de solidarité, de détermination et d’originalité pour mener à terme la négociation à notre satisfaction. 

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